Fasciné depuis toujours par les couleurs, l’Homme n’a jamais cessé de chercher à les obtenir sous une forme tangible, afin de pouvoir les étaler sur une toile, sur un mur, dans l’encre des enluminures ou encore pour teindre ses vêtements, sa peau et ses cheveux. Aujourd’hui, ces pigments, véritables couleurs concentrées sous forme de poudre ou de liquide sont l’essence la plus pure de la couleur, et peuvent être utilisés dans de nombreux domaines créatifs. Mais d’où viennent ces pigments exactement et comment les utiliser en loisirs créatifs ?
Créer ses propres couleurs
Quand on pratique les loisirs créatifs, qu’il s’agisse de peinture, d’ébénisterie ou même de teinture, on doit souvent se tourner vers les préparations de couleurs toutes faites. La couleur peut être utilisée telle quelle ou mélangée à d’autres afin de créer des teintes uniques. Mais aussi uniques soient-elles, ces couleurs « sorties du tube » ou du pot restent limitées. Quand on doit mélanger des peintures soi-même par exemple, le résultat obtenu est difficilement reproductible. Une fois que la peinture a séché, reproduire le mélange à la nuance près pour une deuxième couche est quasi impossible.
Ce n’est pas le cas avec les pigments en fine poudre qui peuvent être dosés avec une balance de précision. La recette d’une couleur unique qui vous est personnelle peut ainsi être reproduite, pourvu que vous notiez exactement la quantité de pigment et de liant utilisés dans la préparation. Comme l’explique loisircreatif.net, le pigment ne s’utilise pas seul : il se délaie dans un medium qui peut être de l’eau, de l’huile ou encore de la cire. C’est ce medium qui va donner à la peinture sa texture et ses caractéristiques, comme la gouache à l’eau, la peinture à l’huile… Mais c’est la richesse et la densité du pigment qui va lui donner son pouvoir opacifiant.
Pour obtenir des teintes pures, il faut écraser le pigment dans le liant sur une plaque, ou dans un petit bol pour obtenir une pâte fine à la texture lisse. En fonction de sa nature, le pigment sera plus ou moins simple à intégrer au medium désiré : par exemple, les terres (des pigments naturels d’origine minérale comme l’ocre, la terre de Sienne, l’ombre, etc.) peuvent être ajoutées directement dans un enduit comme la chaux pour créer un badigeon ou un stucco, ou encore une lasure. D’autres pigments auront besoin d’un agent mouillant comme du savon liquide et de l’eau, en très petite quantité. Avant de se lancer à mélanger ses pigments pour créer ses propres peintures, il est essentiel de faire des essais afin de ne pas gâcher le produit pour obtenir l’effet désiré.
Histoire des pigments
Utilisés depuis 15 000 ans (pour autant qu’on sache !), les pigments ont toujours fasciné l’Homme. Le pigment naturel peut être vu comme l’essence des couleurs de la nature, les mille nuances d’une fleur, du ciel ou d’une pierre fine broyée qu’on aurait réussi à enfermer dans un bocal pour l’étaler sur une toile. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que leurs origines soient extrêmement variées et pour certaines, très insolites. Minérales, animales, synthétiques, les origines des pigments peuvent être nombreuses. Les musées conservent encore actuellement des collections de pigments très rares et anciens, rassemblées à l’origine afin de constituer une base de comparaison pour identifier les contrefaçons de tableaux ou de pièces d’art. S’il est en effet possible de dupliquer un style artistique et même une technique, très souvent l’analyse du pigment utilisé va trahir le faux.
Précieux, certains sont particulièrement rares comme le bleu lapis-lazuli issu des pierres précieuses du même nom ou encore la pourpre issue du murex. Le rouge cochenille obtenu en écrasant des insectes, le brun momie tiré des corps conservés dans des bandelettes, tandis que d’autres se sont révélés toxiques au fil du temps et ont donné naissance à des superstitions comme ce vert de Paris que l’on ne porte jamais au théâtre depuis qu’il a tué de nombreux acteurs, intoxiqués par la teinture de leurs vêtements.
Aujourd’hui, la plupart des pigments proposés dans les magasins de loisirs créatifs sont synthétisés, ce qui évite de recourir aux ressources naturelles rares dont ils étaient issus à l’origine. Ces teintes autrefois accessibles uniquement à l’élite et chargées de symbolisme divin ou royal se sont ainsi démocratisées. Si pour certains cela leur donne moins de charme, il faut tout de même reconnaître qu’ils sont bien plus faciles, stables et sains à utiliser ainsi. De plus, tout le monde n’apprécie pas forcément de savoir que sa peinture préférée provient d’os d’animaux carbonisés et broyés !