Blaise Pascal, né en 1623, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. Il est notamment très connu pour sa philosophie du divertissement, que l’on retrouve dans son ouvrage Pensées, paru en 1670. Pour Pascal, le divertissement est un moyen pour l’homme d’échapper à sa propre solitude qui le renverrai à sa condition misérable.
La philosophie du divertissement
Le divertissement, du latin divertere qui signifie « action de détourner de », représente pour Pascal une pratique exercée par les hommes pour se détourner d’une réalité plutôt déplaisante, pour éviter un certain état de pensée.
Les hommes occupent alors leur attention avec toute activité pouvant leur éviter de penser aux questions existentielles, celles sur leur condition : l’homme est faible, mortel, exposé aux maladies, à la solitude et à de multiples soucis, mais il est aussi privé de Dieu, le seul être capable de le combler. Pascal écrit « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser ».
L’homme se distrait donc aussi bien dans des activités frivoles, telles le sport, les fêtes, les conversations, etc. que dans des activités sérieuses comme la politique, l’étude, la guerre et autres, pour échapper à sa propre condition.
Ce besoin de se divertir créé par l’homme dévoile alors ses difficultés à vivre et être en paix avec lui-même. Face aux craintes que l’homme éprouve, son égo cherche à faire diversion. N’importe quelle activité sert à l’homme de se détourner du néant que représente la vie pour lui.
Le divertissement crée une illusion pour éviter à l’homme de penser à sa condition, aux questions existentielles : c’est ce que Pascal appelle ‘se piper’, se faire une illusion.
L’ambivalence du divertissement selon Pascal
“Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre.”
Le divertissement sert donc à l’homme à ne pas penser à ce qui l’afflige, à éviter la réalité de la condition humaine, de la misère. Le malheur de l’homme se constitue dans sa propre existence puisque celui-ci est mortel, faible et dépourvu de tout rapport avec Dieu. L’homme ne peut donc pas être heureux en restant au repos et inactif, il a besoin de divertir son esprit.
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. »
Pour Pascal, le divertissement est ambivalent. Il admet que ce divertissement peut être volontaire, mais qu’il reste majoritairement involontaire, et distingue un mauvais ainsi qu’un bon divertissement : selon lui, le divertissement aveugle et sérieux est le seul qui est condamnable.
Il arrive aussi que certains se perdent et donnent au divertissement une place trop importante.
Pascal dit que sans divertissement il n’y a pas de joie ; c’est donc essentiel pour l’homme de se divertir. Or se divertir c’est se détourner de l’essentiel. Il est donc essentiel de se détourner de l’essentiel, ce qui est paradoxal. Mais il est toujours mauvais de prendre le divertissement trop au sérieux et de se perdre dedans.
Le divertissement distrait l’homme et l’empêche alors de penser lucidement, ce qui l’empêche alors de songer à Dieu, la seule solution au néant qu’est son existence.
« La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement et cependant c’est la plus grande de nos misères. »